lundi 6 avril 2015

Un siècle au Moyen-Orient (1916 - 2011)
lundi 6 avril 2015

1916 - 1948 : dans le cadre de la Première Guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne, après avoir soutenu les velléités d'indépendance  de certains pays arabes vis-à-vis de l'Empire ottoman, imposent une politique des mandat en Irak, Palestine, Jordanie, en Syrie et au Liban. La vague révolutionnaire qui suit la Première Guerre mondiale affecte également l'Iran et l’Égypte qui obtiennent leur indépendance mais restent sous l'emprise économique du Royaume-Uni. Les deux vagues révolutionnaires suivantes (1923-1936 et à la fin de la Seconde Guerre mondiale) imposent la fin des mandats. Mais le déclin de l'emprise des impérialismes français et britannique est remplacé par l'emprise croissante de l'impérialisme américain.

1948 - 1953 : cette emprise s'ancre notamment en Palestine, avec la reconnaissance, par les États-Unis (et par l'URSS !) de l’État d'Israël proclamé en 1948 et l'organisation par la CIA d'un coup d’État en Iran (1953). En Palestine, des milliers de Palestiniens sont chassés de leurs terres (la Nakba), tandis qu'en Iran la répression fait des milliers de morts, et la terreur policière sera maintenue pendant plus de 25 ans. En Égypte, malgré les mobilisations, l'absence de perspectives politiques claires ouvre la voie au coup d’État des "Officiers libres". Nasser arrive au pouvoir, un Parti unique est instauré et le prolétariat cadenassé. En Irak et en Syrie, des régimes répressifs sont également instaurés.

1953 - 1970 : les mobilisations en Irak (1958) et en Syrie (1954) semblent ouvrir un nouvel espace démocratique, mais celui-ci est assez vite refermé. A la fin des Trente glorieuses (1945 - 1970)  et après la défaite militaire de la Guerre des Six jours contre Israël (1967), deux coups d'État amènent la droite des partis Baas au pouvoir, avec Sadam Hussein en Irak (1968) et Hafez al-Assad en Syrie (1970). Les partis communistes qui avaient soutenus ces partis baasistes nationalistes sont réprimés. Dans ces deux pays, une nouvelle ère dans l'oppression des masses débute. Au Liban, la révolte de 1958 et les mobilisations de 1968 s’inscrivent contre l'emprise américaine et en défense de la cause palestinienne. L'OLP qui a vu le jour en 1964 est chassée de Jordanie en 1970 et se réfugie au Liban.

1970 - 1988 : la révolution iranienne de 1978-79 est confisquée par les islamistes puis liquidée par l'entrée en guerre de l'Irak (armée par les occidentaux) contre l'Iran. Cette guerre durera huit ans. Les mobilisations au Liban, réclamant des réformes  et en défense de la cause palestinienne, entraînent l'éclatement de l'armée en 1973 puis l'occupation par la Syrie du Liban, pendant 30 ans.

1988 - 2000 : l'Intifada éclate en Palestine (1988), très vite isolée alors qu'au Kremlin, Gorbatchev accélère le processus de réintroduction du capitalisme et que les États-Unis mènent la guerre contre l'Irak qui a envahit le Koweit (1990). La dislocation de l'URSS (1991) s'accompagne de l'émergence de forces djihadistes.

2000 - 2011 : en 2000, quelques mobilisations s'amorcent (Égypte, Syrie, Seconde Intifada palestinienne). Suite aux attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis interviennent en Afghanistan (appuyé par d'autres puissances occidentales) puis en Irak : l’État irakien est détruit, mais le remodelage de la région, souhaité par Bush, n'aboutit pas. De 2004 à 2010, les mobilisations se développent plus fortement, avec des demandes des droits démocratiques (Syrie, Iran), des fortes grèves (Égypte). La situation est mûre. Le suicide du jeune tunisien Mohamed Bouazizi en décembre 2010 joue le rôle d'étincelle : une vague révolutionnaire se propage dans tout le Moyen-Orient.