mercredi 14 septembre 2016

Les migrants, l'Union Européenne et les hotspots
mercredi 14 septembre 2016

Les hotspots ? Ils sont devenus des « centres détentions », selon les mots du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU. Installés en Grèce et en Italie sur ordre de l'UE, ils doivent enregistrer et sélectionner les migrants (les réfugiés, qui peuvent rester, et les « migrants économiques » qui sont rapatriés dans leur pays d'origine) ; ils empêchent dorénavant les migrants de circuler à leur guise (ce qu'ils pouvaient encore faire il y a peu) : les migrants sont détenus dans ces camps jusqu'à ce que leur demande d'asile soit traitée.

Diverses agences européennes aident à leur gestion (et donc au tri) : Europol, l’agence de coopération policière ; Eurojust, pour la coopération judiciaire ; Frontex, l’agence européenne pour les frontières ; Easo, le Bureau européen d’appui en matière d’asile. Des agences à la hauteurs des pires moyens de répression européens. Un exemple : Frontex est une agence qui se situe elle-même « au-delà des droits et des lois » dont le rôle affirmé est de refouler les migrants, récupérés en mer notamment. Elle doit être remplacée... par une nouvelle agence aux moyens renforcés.


jeudi 8 septembre 2016

Genève I, II, III
jeudi 8 septembre 2016

Parler entre personnes « respectables », quand le peuple syrien est exterminé par le régime de Assad, voilà comment résumer les « négociations de Genève », I, II et III. Ces négociations ont eu lieu sous l'égide de l'ONU, en 2012 (Genève I), en 2014 (Genève II) et en 2016 (Genève III) et ont réuni des membres de l'opposition et du régime, afin de trouver une « solution politique ».

Les négociations actuelles de Genève III ont connu trois séries de rencontres depuis janvier 2016. La première série, ouverte fin janvier, a été interrompue très brutalement car le régime et les Russes en profitaient pour intensifier les frappes sur Alep, la deuxième série a duré 10 jours en mars sans avancées substantielles, la troisième ouverte en avril a assez vite été interrompue car, à nouveau, le régime en profitait pour intensifier les bombardements. Une quatrième série de rencontres devrait s'ouvrir.

Pendant ce temps les bombardements, sièges, emprisonnements politiques et tortures se poursuivent. Sous les regards à peine critiques des « grandes puissances » qui se satisfont de la situation. En effet, les États-Unis, comme la France, ont toujours souhaité que le régime syrien reste bien en place, mais aujourd'hui ils affirment ouvertement qu'Assad doit aussi rester encore un « certain » moment. C'est là que réside la différence entre Genève I, II et III. Lors de Genève I et II, Assad devait partir (mais le régime rester en place). Lors de Genève III, Assad doit rester encore un peu (et le régime encore plus). Le signal donné à Assad est clair : blanc-seing pour l'extermination de la révolution syrienne. Par petits coups espacés, c'est mieux qu'en une seule fois, car alors cela fait trop de sang et cela se voit un peu trop.

mercredi 31 août 2016

Réforme du droit des étrangers
mercredi 31 août 2016

Avant le 7 mars 2016, il y avait deux types de cartes : le titre de séjour d'un an et la carte de résident de dix ans. Dorénavant il y aura une troisième carte : la « carte pluriannuelle ». Un progrès ? Pas vraiment car avec cette carte, le migrant sera aussi précaire qu'avec un titre de séjour annuel.

Par contre, depuis le 7 mars, date à laquelle le droit des étrangers a été modifié par une nouvelle loi, les conditions d'accueil des migrants se sont dégradées : contrôle possible de toutes leurs données personnelles (compte bancaire, notes à l'école... ), création d'une Interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) qui pourra s'additionner à l'OQTF et sera inscrite dans un fichier européen (le SIS), développement de l'assignation à résidence, création d'une OQTF pour les personnes entrées illégalement sur le territoire, parcours d'intégration à valider... Une réforme qui criminalise toujours plus cet « ennemi de l'extérieur » afin de mieux diviser les travailleurs entre eux.

jeudi 25 août 2016

Palme d'or pour « Moi, Daniel Blake » de Ken Loach
jeudi 25 août 2016

Quelques mots de Ken Loach recevant à Cannes le prix :
« Recevoir la Palme, c’est quelque chose d'un peu curieux car il faut se rappeler que les personnages qui ont inspiré ce film sont les pauvres de la cinquième puissance mondiale qu’est l’Angleterre. »

« Le cinéma est porteur de nombreuses traditions, l'une d'entre elles est de présenter un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants, j'espère que cette tradition se maintiendra.

Nous approchons de périodes de désespoir, dont l'extrême-droite peut profiter. Certains d'entre nous sont assez âgés pour se rappeler de ce que ça a pu donner. Donc nous devons dire qu'autre chose est possible. Un autre monde est possible et nécessaire. »

vendredi 19 août 2016

2015 : changement de stratégie du gouvernement français en Syrie
vendredi 19 août 2016

25 août 2015 : Hollande déclarait que Assad devait dorénavant être « neutralisé », actant ainsi un tournant dans la ligne politique française concernant la Syrie. Avant, Assad devait partir, dorénavant, il peut rester encore un peu.

La cause de ce tournant ? La montée en puissance de Daesh, et l’alignement du gouvernement français sur la politique des États-Unis, qui ont également changé de stratégie militaire : en août 2013, ils refusaient d'intervenir directement en Syrie alors que Assad venait de franchir la ligne rouge fixée par les USA en utilisant massivement l'arme chimique (plus de 1000 morts en une nuit) mais en septembre 2014, Obama décidait d'intervenir directement en Syrie, pour combattre Daesh. Une façon de légitimer le régime de Assad, qui s'en est félicité. La coalition internationale contre Daesh, Assad contre les révolutionnaires : voilà une belle répartition des tâches.

Les interventions en septembre 2015 de la France et de la Russie ont permis d'accentuer les collaborations. La France intervient militairement en Syrie contre Daesh pour ne pas rester hors du jeu de la politique impérialiste en Syrie, mais également pour des raisons internes : afin de pouvoir répliquer rapidement si des attentats avaient lieu. La Russie quant à elle intervient avant tout pour sauver Assad, et concentre ses bombardement sur les civils. A la suite des attentats du 13 novembre,  Hollande intensifie les frappes françaises et accroît la collaboration avec Poutine. Fabius envisage une coopération avec l'armée syrienne (à condition qu'Assad ne soit pas à sa tête …). Et son successeur, Ayrault explique cyniquement en avril 2016 qu'Assad pourrait rester jusqu'à la fin d'une « période de transition ». En total accord avec les autres « grands » de ce monde, tous pieds et mains liés contre le peuple syrien.

samedi 13 août 2016

Les réfugiés, l'Union Européenne et la Turquie
samedi 13 août 2016

Le 18 mars, l'UE et la Turquie signaient un accord sous-traitant la répression des migrants à la Turquie. Pour les migrants, s'ils ont transité par la Turquie, ils seront renvoyés chez eux dès qu'ils auront mis le pied sur le sol grec. 
Si le migrant est syrien, même chose. Mais en échange, un autre Syrien, resté en Turquie sera sélectionné pour pouvoir être accueilli en Europe (dans la limite de 72000 !). 
Adieu le droit d'asile, et un tri toujours plus fort entre « bons »  et « mauvais » migrants. De cet accord, la Turquie tire quelques avantages : quelques milliards, la forte  possibilité pour les Turcs de circuler sans visa dans l'espace Schengen, et surtout une indéniable légitimité à la politique de répression du régime d'Erdogan qui massacres les kurdes, bâillonne la presse et les opposants, renvoie les Syriens en Syrie...

lundi 4 juillet 2016

Mexique, des balles pour faire passer une réforme du système éducatif
lundi 4 juillet 2016

Ce dimanche 19 juin, la répression du mouvement contre la Réforma Educativa au Mexique a fait une dizaine de morts à Nochixtlán, dans le Sud du Mexique. Après avoir nié l'usage d'armes à feu par la police, le gouvernement a changé sa version, évoquant la présence de groupes armés inconnus parmi les manifestants. Ce qui est démenti par tous les témoignages.

L'attaque a été effectuée par la police fédérale et le ministère de la Sécurité publique d'Oaxaca : le 19 juin au matin, plus de 800 policiers sont arrivés au niveau d'un barrage d'une autoroute organisé depuis plusieurs jours par des manifestants. Ce barrage visait notamment à empêcher la police de se rendre dans la ville d'Oaxaca pour défaire un campement. Les gaz lacrymogènes et tirs de flashball ont cédé la place aux tirs avec des armes à feu faisant une dizaine de morts (dont un professeur, un collégien, un étudiant, des travailleurs), plusieurs dizaines de blessés. Plusieurs personnes ont par la suite été détenues et d'autres sont portées disparues.

Cette violente répression s'inscrit dans le cadre d'une répression généralisée organisée par le gouvernement d’Enrique Peña Nieto contre le mouvement des enseignants qui a pris un nouvel essort depuis le mois de mai. Les enseignants demandent notamment l'abrogation de la Reforma Educativa votée en décembre 2012. Cette réforme vise, entre autres, à allouer des fonds aux écoles en fonction de leurs "performances" et à ouvrir l'école à des acteurs privés.

samedi 2 juillet 2016

Le Frente Amplio et la transition
samedi 2 juillet 2016

Uruguay 1973 : un coup d'état militaire réussit. S'en suit 12 années de répression féroce envers les militants ouvriers notamment, et la presse. La situation économique empirant, plusieurs grèves générales éclatent dans les années 1983-84, contraignant à l'organisation d'élections en mars 1985.  Le Parti Colorado, un parti bourgeois, arrive au pouvoir et fait adopter une loi d'impunité des crimes commis pendant la dictature. Cette loi est appelée loi de caducité. Sous la pression un référendum demandant l’abrogation de cette loi se tient en 1989, dans un contexte tendu et sous la menace d'un nouveau coup d'état : 54 % sont contre l’abrogation.

Suite à l'arrivée du Frente Amplio (regroupant notamment le PS et le PC et des groupes bourgeois) un nouveau référendum se tient, en 2009 : 52 % sont contre l’abrogation de la loi de caducité. En 2009,  Jose Mujica, un ancien Tupamaros qui a été emprisonné et torturé pendant la dictature, arrive au pouvoir (dans le cadre du Frente Amplio), et refuse d'abroger cette loi. Comme son parti qui se voulait révolutionnaire dans les années 70, il s'est fondu, après la dictature, dans le moule d'une transition qui a laissé l'appareil d'état en place, et se retrouve aujourd'hui au service de la bourgeoisie.

mercredi 29 juin 2016

Revenu de base inconditionnel
mercredi 29 juin 2016

Pour le patronat, il faut augmenter le temps de travail, et pour les salariés, il faut une baisse du temps de travail (à salaire égal) et un taux de chômage nul. Comment le patronat peut-il faire accepter le chômage aux travailleurs ? Une solution : le RBI (Revenu de Base Inconditionnel). L'idée est de remplacer toutes les prestations sociales par un revenu (et non salaire), versé dès la naissance à tout individu, et jusqu'à sa mort. Un très bon moyen pour diviser la masse des salariés en deux : d'un côté des salariés qui bosseront 40 à 50h par semaine pour gagner plus que le RBI, et de l'autre des salariés travaillant par intermittence, précaires, qui survivraient grâce au « filet de sécurité » du RBI. 

Un très bon moyen pour disloquer le principe des cotisations sociales et d'en finir avec les revendications qui unifient tous les salariés. Un très bon moyen aussi pour faire accepter l'idée que le chômage « c'est normal » (mais pas grave, puisqu'il y a le RBI) soutenu par de beaux discours économiques : c'est automatisation, le numérique... qui créent le chômage ! Et non l'organisation capitaliste du travail. Car si on dit que c'est l'organisation capitaliste du travail qui crée le chômage... alors cela veut dire qu'une autre organisation du travail est possible. Et vous l'avez compris, de cela, le patronat n'en veut pas !

dimanche 26 juin 2016

Euro et… cohésion nationale
dimanche 26 juin 2016

L'Euro 2016 se dispute en France du 10 juin au 10 juillet.
 « Ce sera une grande fête du football, une chance donnée à la nation » clamait François Hollande dès septembre 2014. Et en mai 2015 : « Le sport est déjà une valeur, c’est un ensemble de règles, de disciplines qui méritent le respect (…) Le sport est aussi une conception du monde et de la vie en commun ; c’est l’acceptation de la compétition, de la concurrence, elle fait partie de la vie ».

Mettre cet événement au service de la croissance et de l'attractivité de la France, promouvoir les valeurs du sport… tout cela est fortement entretenu par le Ministère de l’Éducation nationale, celui de la Jeunesse et des sports qui écrit que l'Euro  « permettra de contribuer à la cohésion nationale en favorisant la participation de tous, sur l’ensemble du territoire dans un esprit festif » !

Développer la confusion entre l’activité physique et le « sport », faire croire à un monde apolitique dans lequel s'impose la loyauté, la solidarité… Voilà qui tombe à pic pour masquer la violence qu'impose l'exploitation du travail salarié, le maintien du mode de production capitaliste… et tenter de nouvelles mesures liberticides.

mardi 21 juin 2016

CPA
mardi 21 juin 2016

Le 30 mai, le responsable de la CGT, P. Martinez participait face au secrétaire général de la CFDT, L. Berger au  Grand Débat sur RTL. L. Berger se félicite du Compte personnel d'activité (CPA). P. Martinez répond : « Le CPA, tu sais très bien que la CGT est d'accord », « nous ce qu'on lui reproche, c'est qu'il n'y a pas grand-chose de nouveau (…) ce qu'on souhaite, c'est une véritable sécurité sociale professionnelle, c'est à dire des droits attachés à la personne, mais qui vont bien au-delà de ça ». Et P. Martinez propose de ré-ouvrir les négociations avec le gouvernement.

Rappelons que la sécurité sociale a été arrachée comme un droit collectif des salariés. Les contre-réformes qui la transforment peu à peu selon les principes de l'assurance individuelle conduisent à sa destruction. De même, le CPA est un outil d'individualisation des droits pour détruire les droits collectifs.

samedi 18 juin 2016

Un puissant mouvement spontané, mais entravé
samedi 18 juin 2016

Le 17 février,  la « fuite » du projet de loi Travail montre que les fondements du Code du travail sont menacés. Les réactions se multiplient. Les dirigeants syndicaux s’indignent… mais ils connaissaient depuis des mois ce projet car ils avaient participé aux discussions préparatoires (et quasi tous signé une position de soutien à l'un des aspects majeurs de ce projet, le CPA).

Surgit une puissante mobilisation spontanée, qui s'exprime par une pétition lancée le 19 février, et dans les syndicats. Mais les directions nationales freinent toute réaction, n’exigeant pas le retrait du projet. 

Le 25 février, le dialogue reprend entre gouvernement et syndicats. Le même jour, une vingtaine d’organisations de jeunes appellent au « retrait complet du projet de loi » , et « à une première journée d’actions le 9 mars ». 

Les dirigeants syndicaux se rallient à cet appel et demandent désormais le « retrait » du projet.  Le 9 mars, il y a des centaines de milliers de manifestants, davantage encore le 31 mars. Durant quatre mois, la mobilisation se poursuit, mais enserrée dans le cadre des journées d’action. Les obstacles sont nombreux : répression policière, manœuvres du gouvernement, poursuite du dialogue social par les directions syndicales (comme dans la fonction publique, sur le CPA)...

Ce que refusent ces directions, c’est d’isoler le gouvernement en boycottant toutes les concertations en cours ; c’est que lui soit infligée une défaite majeure.
À partir du 1er  mai, les dirigeants ont cessé de revendiquer le « retrait » du projet de loi. Et Philippe Martinez propose de « s’appuyer »… « sur des éléments qui existent dans la loi… par exemple (…) le CPA ». Alors que grèves et blocages ont rebondi en mai-juin, une impérieuse exigence demeure: assez de dialogue social ! Boycott de toutes les concertations !

dimanche 5 juin 2016

Hama : révoltes de prisonniers politiques
dimanche 5 juin 2016

Le lundi 2 mai 2016, des prisonniers politiques de la prison de Hama empêchent le transfert de 5 des leurs vers la prison de Saydnaya en attrapant une dizaine de policiers venus chercher les détenus. Les 850 prisonniers politiques prennent alors le contrôle de presque toute la prison de Hama (dont la boulangerie et la cuisine). 

Le régime ne tarde pas à répliquer en donnant un premier assaut de la prison, avec utilisation massive de gaz lacrymogène, blessant plusieurs prisonniers. Mais le lendemain les prisonniers politiques contrôlaient toujours la majorité des secteurs de la prison. Les négociations n'aboutissant pas, un nouvel assaut est donné le mercredi, puis le samedi, mais ils échouent : les prisonniers ont pris soin de médiatiser leur révolte, et les pressions internationales sont fortes.

Le 10 mai, le régime acceptait la libération de tous les prisonniers politiques, de façon perlée. Mais très peu de prisonniers sont effectivement libérés. À la fin du mois de mai, une nouvelle révolte a lieu ; les prisonniers prennent de nouveaux des otages (mais ne gardent que le chef de police) afin que le régime exécute sa promesse. En réponse le régime fait le siège de la prison. Le lundi 31 mai, cela faisait trois jours qu'ils étaient privés d'eau et de nourriture.

samedi 12 mars 2016

Politiques liberticides et anti-sociales
samedi 12 mars 2016

Les libertés démocratiques en France ?
Elles sont menacées par l'état d'urgence, sa constitutionalisation, une nouvelle loi renforçant les pouvoirs de la police... En parallèle, la politique étrangère du gouvernement français ne vise pas à soutenir ceux qui, dans d'autres pays, défendent les libertés démocratiques. Ainsi en Syrie, toutes les interventions étrangères, aux intérêts divers et parfois conflictuels, sont liées par une même volonté : interdire au peuple syrien qui s'est
soulevé pacifiquement en 2011 de décider de son propre avenir.

Le contexte social français ?
C'est la guerre menée contre les acquis sociaux, saluée par P. Gattaz, le responsable du Medef.

Cette radicalisation de la bourgeoisie se retrouve à l'échelle de l'Europe, en Pologne, par exemple. L'offensive de la bourgeoisie est liée à la crise, facilitée par l'absence de résistance organisée. Certes
des forces nouvelles peuvent surgir, comme Syriza en Grèce, et se faire porteur un temps durant des revendications, mais ces forces échouent si elles ne rompent pas avec la bourgeoisie, sur tous les plans.

vendredi 11 mars 2016

Les syndicats et les libertés démocratiques
vendredi 11 mars 2016

Il fallut de longues semaines pour que les directions syndicales se prononcent pour la levée immédiate de l'état d'urgence, il fallut de longs débats, et il fallut que des militants mettent en évidence le caractère liberticide des mesures prises par Hollande : ces mesures étaient aussi utilisées contre les militants qui n'avaient rien avoir avec le terrorisme, et les mesures qui se profilaient (la prolongation de l'état d'urgence, sa constitutionnalisation - avec celle de la déchéance de la nationalité française -, la réforme pénale) étaient liberticides.

Mais, cette position acquise n'est pas suffisante. Les directions syndicales doivent également cesser immédiatement de participer au comité de suivi de l'état d'urgence, participation qui ne peut que cautionner les mesures liberticides.

jeudi 10 mars 2016

Engagement civique... pour formatage général
jeudi 10 mars 2016

En ce doux mois de janvier, « l'engagement » fut le maître mot du discours de Hollande, à la jeunesse.

Concrètement ? Il s'agit de développer le parcours citoyen : « 300 heures d’enseignement moral et civique sur l’ensemble de la scolarité pour développer l’esprit critique » (sic !) validé dans le brevet ; puis le jour de ses 16 ans, chaque jeune recevra son « livret citoyen », qui « retracera l’histoire de tous ses engagements »... jusqu'à 25 ans ! Et comme ce parcours ne suffit pas, il faut que la journée de défense et de citoyenneté devienne une semaine entière, que le Service Civique accueille trois fois plus de jeunes par an (passant de 120 000/an à 350 000/an, soit la moitié d'une classe d'âge). Attention « il ne s'agit pas de stage et encore moins d'emploi », non, mais d'un simple travail plus ou
moins gratuit ; et l'employeur pourra vérifier, avant d'embaucher un jeune, sa capacité à réaliser ce travail servile.

Mais « l'engagement n’est pas simplement l’apanage de la jeunesse », il faut créer une « Réserve citoyenne », une armée de bénévoles désintéressés prêts à prêter main forte à tout moment. Rien n'est oublié, même pas la carotte financière, pour récompenser les plus « engagés » ; c'est le rôle du chantier « La France s'engage » ouvert en 2014 et qui doit être développé. Ainsi Hollande résumait-il, en ce doux mois de janvier, ses plans, déjà bien avancés, pour un engagement forcé des jeunes et moins jeunes au service de la patrie, au service de la bourgeoisie.

Savez-vous que sur ce projet les dirigeants syndicaux furent consultées ?

mercredi 9 mars 2016

Charité contre Sécurité sociale
mercredi 9 mars 2016

« Refondre l'architecture de la protection sociale » ? Une « réforme ambitieuse » est prévue par le gouvernement qui vise à détruire la Sécurité sociale telle que arrachée par les travailleurs en 1945. A l'époque, il avait été décidé que cette Sécurité sociale serait financée par les cotisations sociales (qui
sont une partie de notre salaire, mutualisé entre les différents travailleurs). Avec le projet actuel,
les cotisations ne serviraient plus qu'à financer (partiellement) les retraites, les indemnités
journalières, ainsi que l'assurance chômage.

Les autres "risques" couverts par la Sécurité sociale (famille, maladie) ainsi que la "lutte contre la
pauvreté" seraient financés par l'impôt. L’État aura donc l'entier contrôle de ce qui sera remboursé
(un petit « panier de soins solidaires », bref une obole). Cela ne suffit pas : les modalités d'indemnisations des chômeurs, des travailleurs en arrêt maladie (indemnités journalières) et le calcul
des pensions et retraites seront également revus... à la baisse.

dimanche 6 mars 2016

Contre le projet de loi el-Khomri, mobilisation !
dimanche 6 mars 2016

L'air picotait. Une pétition « loi travail : non merci ! » est lancée le 20 février. Virale, elle dépasse 200 000 signataires en 2 jours (700 000 seront atteints en 8 jours). En parallèle une vidéo « OnVautMieuxQueCa », est publiée sur youtube le 24 février ; virale également. Des succès qui reflètent la grogne et la volonté de combattre la politique du gouvernement Hollande-Valls.
Quant aux directions syndicales, elles publiaient le 23 février, un communiqué commun « unitaire »... avec notamment la CFDT, demandant non pas le retrait de la loi el-Khomri, mais seulement de certains articles.

Nombre de signaux alertaient bien, ces précédents mois, de la nocivité du projet de loi El Khomri de liquidation du code du travail. Parmi eux, les rapports Mahfouz (sur le Compte Personne d’Activité, qui est un livret ouvrier du XXIème siècle), Combrexelle (sur l'inversion de la hiérarchie
des normes : les décisions locales, d'entreprises primeraient alors sur la loi), Mettling (qui cherche à utiliser le numérique pour ficher et individualiser encore plus les droits des travailleurs). Mais les directions syndicales ont préféré "négocier".

Une des batailles à mener est ainsi d'exiger le retrait total du projet, et le refus de négocier avec un tel gouvernement.

samedi 5 mars 2016

« Toute liberté en art » !
samedi 5 mars 2016

2011, une explosion artistique jaillit au Moyen-Orient, dans le cadre des révolutions qui viennent d'éclore, après des années d'oppression et d'art officiel. Cinq ans plus tard, cette expression artistique est toujours très prégnante, malgré la féroce contrerévolution qui s'attaque aussi aux artistes.

Ce fut aussi le cas après la révolution de 1917 et l'explosion artistique qui s'en était suivi. Quelques années plus tard avec la contre-révolution, la bureaucratisation stalinienne en URSS et la montée du nazisme en Allemagne, la liberté de création artistique devint l'ennemi à abattre.

En France, il y eut alors le mouvement Dada, voulant libérer les esprits par l'art. Se développe ensuite
(avec André Breton en particulier) le mouvement surréaliste pour qui cette libération des esprits est liée à la révolution économique et sociale.

Au Québec, à la fin des années 40, des artistes lient aussi la liberté en art à la rupture politique et sociale. Un mot d'ordre, daté de 1938, résume ces idées :

« L’indépendance de l’art pour la révolution ;
la révolution – pour la libération définitive de l’art »

Réfugiés... à Calais ... en Turquie

Réfugiés... à Calais...

Fin janvier, en bordure de la rocade portuaire, une zone de 100m de large du bidonville de Calais était rasée et renommée "zone de sécurité".

Fin février, devait commencer une deuxième phase de destruction du bidonville. Les migrants devaient être dispersés dans une centaine de "centres d'accueil et d'orientation". Les
actes de solidarité furent nombreux.

Mais début mars, l'évacuation se fait dans la violence.

...en Turquie

Alep étant sous les bombes, l'ONU et l'UE somment la Turquie d'ouvrir ses frontières aux réfugiés
syriens. Cynique hypocrisie. Depuis des mois, les mesures visant à contenir les réfugiés loin de
l'Europe et à fermer la route des Balkans n'ont fait que s'accroître : l’UE a fait pression sur la Turquie
afin qu’elle boucle ses frontières terrestres avec la Syrie, pour que la circulation en Turquie des trois
millions de réfugiés syriens soit limitée, pour que les contrôles aux sorties terrestres de la Turquie vers la Grèce ou de la Bulgarie soient multipliés, et l'OTAN vient de renforcer les contrôles dans la mer Egée avec une mission de patrouille menée par trois navires militaires, et des des avions, et dirigés par l’Allemagne.

Bien entendu, le gouvernement français est en parfait accord avec cette politique, comme vient de le rappeler Valls ce 13 février, lors du sommet sur la sécurité à Munich : "L'Europe ne peut pas accueillir davantage de réfugiés".

vendredi 4 mars 2016

Égypte, une répression de plus en plus féroce
vendredi 4 mars 2016

D'août à novembre 2015, plus de 300 disparitions non élucidées ont été dénombrées en Egypte.
Les personnes réapparaissent parfois après avoir été torturées, mortes ou vivantes, mais alors sommées de ne rien raconter.

Le 25 janvier, Giulio Regeni, un étudiant italien qui préparait une thèse à Cambridge sur les syndicats indépendants en Egypte disparaissait. Son corps était retrouvé quelques jours plus tard, torturé à mort.
C'est la première fois qu'un étranger est visé. La police politique de Sissi, la Sécurité nationale est
pointée du doigt.

A l'augmentation du nombre de disparitions ces derniers mois s'ajoutent de multiples autres formes
de répression, envers les militants, envers les intellectuels (condamnation de l'écrivain Ahmed
Naji). Derrière les accusations "d'atteinte à l'islam", c'est l'ensemble de la petite bourgeoisie et du
prolétariat égyptien, qui aspirent aux libertés démocratiques, qui sont visés.

jeudi 3 mars 2016

TUPAMAROS
jeudi 3 mars 2016

Uruguay, élections de 1962 : le PC uruguayen s'allie aux dissidents du Parti colorado (un parti bourgeois lié à la bourgeoisie commerciale), et le PS s'allie aux dissidents du Parti blanco (un parti bourgeois lié aux propriétaires terriens).

Suite à l'échec électoral de ces alliances, et dans un contexte de ralentissement économique, naît le
Mouvement de Libération Nationale des Tupamaros (MLN-T). Il se forme autour du mouvement d'ouvriers agricoles, de dissidents du PS et du PC, d'anarchistes, de maoïstes, de chrétiens et de membres « progressistes » du Parti blanco.

Ce mouvement, au programme vague, s'organise autour de la lutte armée pour la libération nationale (inspirée de la guerilla qui a précédé la révolution cubaine).

En 1973, alors qu'un coup d'état est en gestation, les Tupamaros négocient avec l'armée, espérant
en détacher des secteurs dits « progressistes ».

Le coup d'état aura lieu, et la répression sera féroce. L'orientation des Tupamaros (appuyée par
celle du Frente Amplio, formé en 1971, qui regroupe le PC, le PS et des groupes bourgeois),
montre que les groupes de guerilla ne peuvent se substituer au prolétariat, et contribuent, en se
coupant des masses, à désarmer le mouvement ouvrier à la veille d'un coup d'état.

mercredi 2 mars 2016

Grèce, un an de gouvernement Syriza-AN.EL
mercredi 2 mars 2016

Janvier 2015 : Le parti Syriza arrive en tête aux élections legislatives. Il lui manque deux sièges pour
obtenir la majorité absolue. Syriza peut alors soit faire une coalition avec un autre parti, soit gouverner seul, par vote dit de "tolérance" (s'il s'engage sur des mesures précises et obtient les deux voix manquantes).

Tsipras, à la tête de Syriza, choisit alors de s'allier avec un parti bourgeois nationaliste, ultra-réactionnaire : l'AN.EL. Le dirigent de ce parti, connu pour ses propos
xénophobes, obtient ainsi le ministère de la défense. Et lors de l'élection du président, Tsipras choisit non pas un proche de Syriza, mais un membre du plus gros parti bourgeois grec, Nouvelle Démocratie. Deux gages de poids sont ainsi donnés à la bourgeoisie grecque.

L'accord du 20 février 2015 : le 4 février, la Banque Centrale Européenne (BCE) ferme un des canaux finançant les banques grecques ; s'en suivent de multiples rencontres à Bruxelle.
Tsipras signe le 20 février un accord dans lequel il
renonce, au moins partiellement, à nombre de promesses du programme de Syriza : la hausse du salaire minimum est reportée, et soumise notamment au contrôle des institutions
européennes et internationales, il est mis fin aux promesses d'annuler les privatisations, et de nouvelles privatisations sont envisagées...

L'enlisement : le gouvernement grec continue à payer ses dettes, au FMI notamment, malgré des
désapprobations de la rue. Mais pour la première fois, le 4 juin, il ne peut payer une traite au FMI. Il promet de la payer à la fin du mois. Le contenu d'un nouvel accord est révélé dans la presse et suscite un tollé, tant les conditions sont inacceptables pour les Grecs.

Juillet, un référendum plébiscitaire :
Tsipras annonce un référendum pour le 5 juillet : OUI ou NON aux exigences des "institutions" financières ? Le NON l'emporte. Mais une semaine plus tard, le parlement grec approuve un plan d'austérité et de contrôle de la politique du gouvernement par les créanciers de la dettegrecque (appelé troisième memorandum).
Malgré le NON, Tsipras a capitulé. Le référendum a simplement servi à plébisciter sa
politique. Au sein de Syriza, la crise est ouverte ; des députés de Syriza ont refusé de voter le Memorandum, Tsipras doit convoquer de nouvelles élections législatives anticipées.

Septembre 2015 : Syriza arrive à nouveau en tête aux élections législatives. L'Unité Populaire, qui vient d'être créée par scission de Syriza et a mené campagne au nom du NON du référendum, obtient moins de 3% des voix. Le nouveau gouvernement Syriza-AN.EL met en place de nouvelles mesures contre les travailleurs.

Mobilisations : en novembre une grève générale d'un jour... soutenue par Syriza n'empêche pas le train des mesures de continuer. Fin janvier-début février 2016, de nouvelles mobilisations ont lieu, contre notamment une réforme des retraites.